LES BORDES D'HYPPOCAMPUS
Notre lecteur GHANA nous transmet la suite de la construction de son croiseur, "HYPPOCAMPUS", et nous présente les techniques utilisées pour la réalisation du bordé.
Laissons donc la parole à l'intéressé :
"Nous avons choisi de construire la coque en strip-planking mais nous voulions l'aspect bois extérieur
Le premier bordage trapézoïdal est réalisé en nord rouge de 24 mm d'épaisseur puis recouvert de deux peaux
biaxial +/- 45° de 450 g intérieur et extérieur.
Pour la décoration, nous avons choisi de doubler la partie du franc-bord par un deuxième bordage jointif en niangon de 14 mm.
Ceux-ci seront collés et stratifiés juste avant le retournement.
Ils seront délimités en partie basse par un liston au niveau de la sous marine.
Après avoir réalisé le mannequin nous avons acheté un lot de 4 m3 de bois pour la réalisation des lattes, soit environ 350 lames.
Première opération le débit :
La première opération consiste à débiter les lames.il faut prévoir lors du débit une section plus forte en épaisseur et largeur pour permettre de raboter le bois. (2 à 3 mm par face environ )
Comme nous avons achetés des planches avivées pour la réalisation des lattes, il a falu les refendres en trois en les coupant dans le sens du fil du bois, ce qui a pour nom dans le métier déligner. Nous avons utilisé une scie circulaire à format.

Une fois le délignage fini, nous avons empilé le bois en prenant soin d'intercaler une latte de bois entre chaque couche pour permettre la circulation de l'air dans la pile.

Les lattes sont débitées en lames 27 x 65 mm
Après un passage en séchoir de 3 semaines, le bois est resté en stabilisation 1 mois dans l'entrepôt pour qu'il reprenne l'hygrométrie ambiante avant transformation.
Deuxième opération:
Cette phase consiste à raboter les lames.
Le rabotage a pour but de calibrer toutes les lames à la même épaisseur et largeur soit dans notre cas 24 x 60 mm de section finie. Nous partagerons l'excédant de bois à enlever sur les quatres faces pour pouvoir raboter dans de bonne condition .

Troisième opération:
Nous allons découvrir l'usinage, c'est à mon avis la partie la plus technique dans le métier,
bon ! dans le cas de nos bordés cela reste très simple.
Usinage du bordage trapézoïdal:
Notre usinage consiste à profiler un chanfrein d'un angle de 10° de chaque côté de la lame, réalisé avec un outil multi pente réglable.
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Réglage de l'outil multi pentes à 10 °avec son raporteur.

En réglant les guides de toupie, il faut prendre soin que l'outil laisse un rebord plat de 4 mm pour éviter lors du serrage le chevauchement des deux bordés.


L'ouverture totale entre deux lames doit atteindre 20°.

L'espace ainsi obtenu sera alors rebouché à la résine époxy, ce qui fixera l'intégralitée des lames entre elles.
( voir le chapitre de la stratification de la coque)
Usinage du bordage décoratif jointif:
L'usinage des lames en exotique est quelque peu différent.
Ici nous voulons un bordé jointif.
La difficulté principale dans la pose de bordés jointifs, c'est d'obtenir un assemblage qui permet d'avoir un joint parfait, et ce quelque soit leur position sur le galbe de la coque.
Pour réaliser ce type d'assemblage, nous avons utilisée deux types de fers dit :
gueule de loup diamètre 14 mm ( male ) et le mouton diamètre 15 mm ( femelle ), ce qui laisse 1 mm de jeu pour la colle.

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Porte outil pour la réalisation des lames.

On peut voir que par l'utilisation de cette technique le joint est invisible et s'ajuste parfaitement, et ce sur n'importe quelle position que prendra le bordé. Cela est très important pour une finition de qualité.
La seule difficulté est de poser les bordés avec un serrage régulier, sans pouvoir utiliser les serrages traditionnels (type serre joint et autre), mais là aussi, j'ai une botte secrète !!!"
La suite au prochain numéro ...